Elodie Boutry
Dans le travail d’installation qu’elle développe depuis une dizaine d’années, Elodie Boutry interroge le rapport entre peinture et espace. D’abord bidimensionnelles, ses créations multicolores se sont progressivement émancipées de leur support pour prendre vie en volume, au-delà de la paroi ou de la feuille de papier. En résultent des œuvres singulières, sensibles, bousculant nos références autant que notre approche visuelle : peinture, sculpture, ou architecture ? Confrontant forme, couleur et facture, elle fait aussi dialoguer les époques, ses créations puisant leurs influences autant dans les sculptures minimalistes de Sol LeWitt que dans les peintures Renaissance de Fra Angelico.
Les créations d’Elodie Boutry sont toujours pensées en dialogue avec le lieu à investir. Pour Pile-Pont Expo, l’artiste, habituée à construire et organiser son travail à partir de règles déterminées et de protocoles, s’est saisie de la suite mathématique de Richard Padovan, pour imaginer l’installation Cosmicisme. Ainsi, les quelques 112 modules qui se déploient dans l’espace d’exposition respectent tous des dimensions imposées, multiples d’un triangle équilatéral de 50 cm de côté. La couleur surgit et explose en grands aplats de peinture acrylique ou sous la forme de coloriages au crayon de couleur, projetant le visiteur dans un univers ludique, coloré, contrastant avec le caractère brutaliste de l’architecture. Et si la notion de paysage n’est pas pensée au départ par l’artiste, on ne peut s’empêcher, au gré de notre déambulation à travers cette installation monumentale, d’y voir une forme de clin d’œil au panorama montagnard environnant. Mais une fois encore, l’artiste se joue des codes et déborde du cadre ; et les reliefs, loin d’être immaculés, se couvrent des couleurs vives, faisant jaillir la couleur dans l’univers minéral gris de Pile-Pont Expo.
Lucie Maistre, commissaire de l’exposition
2017